De la Corrèze au Lutétia … en passant par les camps ! (2ème partie)

Et après ?? 
Comment fait-on pour se construire après une telle épreuve, 
après tant d’horreur …


Traumatismes, traumatismes multiples.

Les traumatismes physiques sont les premiers qui sautent aux yeux, bien sûr. La sous-alimentation (la faim aura des conséquences graves voir irréversibles sur les déportés. Ils devront réapprendre à manger, à manger solide), le manque total d’hygiène provoque entre autres de grave maladie de peau, l’extrême fatigue due au travail épuisant, le manque de sommeil, les mutilations ...


Les traumatismes psychiques, bien sûr, liés étroitement à l’état de santé désastreux des survivants. La violence à l’intérieur des camps, la présence omniprésente de la mort provoquera sur beaucoup le sentiment de haine et de colère envers les non-déportés. Charlotte Delbo (photo ci-dessous) écrira dans son poème « Prière aux vivants, leur pardonner d’être vivants ». Le retour sera toujours accompagné d’une grande phase de dépression appelée « syndrome du survivant » : mélange de culpabilité intense et une tendance à l’isolement. Cauchemars à outrance, blocages psychologiques, changement de comportement sont le quotidien des survivants qui mettront souvent plusieurs années à atténuer ces traumatismes.

  


Les enfants, eux aussi, ont beaucoup souffert même si beaucoup d’entre eux ont échappé aux camps de la mort et ont trouvé des refuges par le biais d’organisations clandestines. La principale souffrance est, bien sûr, leur séparation d’avec leurs parents, amplifiée par le non-retour des camps des leurs. Cette souffrance est souvent traduite par de la violence, du manque de respect ou des réactions étranges parfois difficile à comprendre.

Et puis, il reste les souvenirs. Parfois tellement insupportable ! Sam Braun écrira à son retour à propos de ses souvenirs : « ça te fait mal, alors tais-toi. » D’autres, au contraire, choisiront de s’enfermer dans leurs souvenirs, quittent à en devenir fou.
Et pour se reconstruire, pour renaître, quelles solutions ?

Évacuer. Faire sortir cette haine pour pouvoir naître à nouveau. Par l’art, le sport ou encore en donnant aux défavorisés.

Etre entouré. L’entourage aura également beaucoup à apporter à ces rescapés. Respecter surtout le choix des survivants : le silence parfois ou la parole même si les récits ne peuvent pas être compris, mais également les changements de comportement. Et puis, leur apporter beaucoup d’amour pour qu’ils puissent continuer leur travail de reconstruction.

Retourner dans les camps, pour pouvoir faire faire le deuil de ceux restés là-bas, souvent longtemps après les faits.

Témoigner, pour se libérer.  « S’exorciser », mais également porter à la connaissance des autres l’existence de cette monstruosité humaine pour ne plus jamais revivre cela. Certains attendront longtemps pour témoigner : Sam Braun écrira : « Personne ne m’aurait cru, alors je me suis tu ». Il devra attendre 40 ans pour arriver à décrire de ce qu’il a vécu. D’autres choisiront de se taire pour oublier, ne pouvant surmonter l’épreuve par des mots, le dire provoquant une trop grande souffrance.




Partir. Certains décideront de renaître ailleurs. Dans un autre pays, tout recommencer. Nouvelle personne, nouvelle culture, nouvelle politique, pour commencer une autre vie.


Mourir. Certains ne supporteront pas le retour.

Pour ceux qui ont survécu aux camps et à leur retour, 
le temps et les autres les ramèneront doucement vers la vie.

Le Musée département de la Résistance Henri Queuille vous propose de vous faire partager un bout de cette histoire pour ne pas oublier les atrocités faites, les résistants, les survivants et ceux qui ne s’en sont pas sorti.

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